La Fontanita, où j’habite depuis des années, était notre maison d’été délabrée dans les montagnes bleues de l’Ardèche. La ferme en pierre, vieille de plusieurs siècles, avait été rénovée au strict minimum, ce qui nous permettait d’y séjourner pendant les vacances d’été. Mais certainement pas plus, comme je l’ai constaté lors de mes premiers hivers froids, mais n’allons pas trop vite en besogne.

Dans mes jeunes années, j’aimais déjà être seule dans la nature, peindre, écrire, marcher ou nager, et il n’était donc pas exceptionnel que je me retrouve à dormir ici toute seule, par cette chaude nuit d’août pleine d’étoiles, il y a plus d’une décennie. L’énorme séquoia que mon père et moi avons planté il y a tant d’années, devant la fenêtre de ma chambre, m’a gardé à l’ombre en ce chevalier au clair de lune. Je me suis réveillé au milieu de la nuit, vers quatre heures, fenêtres grandes ouvertes, à l’appel d’une petite chouette :

écoutez ici;

https://www.chant-oiseaux.fr/chouette-hulotte

Au même moment, j’ai entendu un doux murmure : « C’est ici que tu dois être ! ».

J’ai donc décidé de changer de vie pour venir vivre ici. Et d’écouter cette petite voix, au lieu d’étouffer son message sous des couches et des couches de logique. Il a fallu se préparer, bien sûr, mais un jour je suis arrivée avec ma vieille voiture, sans travail, avec seulement 400 euros et ce désir ardent d’être ici. C’était un véritable acte de foi ! La moitié du toit fuyait, la maison n’était pas du tout isolée, donc impossible à chauffer pendant les hivers froids. Après des années de dur labeur et d’aide de la part d’amis et d’aides gouvernementales, elle est maintenant devenue ma demeure confortable de base, avec une maison d’hôtes que je loue pendant la bonne saison.

Lorsque j’ai raconté à quelqu’un l’histoire de la petite chouette sur mon terrain, cette personne m’a corrigé : « Il n’y a pas de chouette sur VOTRE terrain » : « Ce n’est pas une chouette sur VOTRE terrain, non, vous étiez sur SON terrain « . C’est vrai !